Réflexions équestres d'une monitrice : Développement des sens (partie 3)

Publié le par Arazzi

1. Travail à l’obstacle.

HA ! En voilà un point intéressant. Je vais développer un peu plus probablement car c’est à la base mon option …

Je ferais une remarque comme quoi jusqu’ici si vous avez eu le courage de tout lire, je n’ai encore pas parlé de saut … Sauf à dire que c’était pas encore d’actualité.

  • Tout d’abord définition :

L’obstacle est un élément en hauteur, voir en largeur, qui enclenche un saut (aucun membre au sol) chez le cheval, plus important que la phase de suspension du galop, le cavalier devant l’aborder dans les meilleures conditions possible, l’accompagner et gérer la réception.

Pour moi, je classifie trois types d’obstacles :

  • L’obstacle cavaletti : obstacle de hauteur réduite servant à la gymnastique.
  • L’obstacle mobile : obstacle formé de barres amovibles dont un simple contact du cheval entraine la chute.
  • L’obstacle fixe : obstacle formé par des éléments non déplaçable par le contact du cheval.

Je ne vais pas développer les noms et type d’obstacle ici, ce n’est pas le sujet, mon blog à quelques articles concernant les termes techniques.

Il s’agira pour le cavalier de développer son sens de l’équilibre afin :

  • De préparer le saut dans les conditions optimum.
  • D’accompagner le cheval sans le gêner.
  • De réceptionner sans gêner et en récupérant rapidement le contrôle.

Le travail à l’obstacle, là encore je ne parle pas d’une discipline mais bien d’une optique d’apprentissage, sera de faire découvrir, puis développer les sens qui permettent au cavalier de remplir les points précédent dans des conditions de travail.

  • Optique de découverte :

Le cavalier a parcouru avec plaisir l’éveil des sens, il commence la découverte du développement de ces même sens … il a donc en sa procession :

  • L’équilibre aux trois allures, dans les attitudes classiques : assis, équilibre, … Il sait en changer sans heurt, et diriger dans les mêmes conditions.
  • La vision placée : il regarde où il va, s’oriente avec son regard et ses épaules.
  • La connaissance technique des allures (mécanismes et fonctionnement).
  • La connaissance des principes de base : mouvement en avant, impulsion, rectitude.
  • L’autonomie de déplacement en carrière : évolué seul aux trois allures.

Quelques principes de base que j’applique :

  • Pas de saut sur la piste : car dès le début j’insiste sur le « au milieu de l’obstacle » et donc la rectitude … par habitude beaucoup de cavalier et/ou chevaux vont rester sur la piste et donc louper cette base importante du travail à l’obstacle. Je préfère encadrer avec des barres un saut sur la diagonale, que placer un saut sur la piste.
  • Placer des objectifs simples : regarder où on va (loin), axer le milieu de l’obstacle, soigner son mouvement en avant.
  • Placer des guides : afin de visualiser le tracer, il est parfois, voir même toujours, nécessaire de placer des guides pour aborder les premiers sauts et réceptionner aussi : plots, cônes, barres, … les fiches techniques ne manquent pas.
  • Inscrire le saut dans un travail sur le plat : le saut n’est pas une fin en soi mais un complément du travail sur le plat. Il est nécessaire de bien faire comprendre du début que de la qualité de ce travail dépend la facilité du franchissement.
  • La position … là ce n’est pas le plus simple, je ne suis pas adepte de la « position en équilibre cul en l’air » tel qu’elle est souvent pratiquée en club. Je suis consciente du besoin de « ménager les chevaux » mais je pars du principe que si le cavalier est assez avancé dans ses sens, il sera capable de s’adapter. D’autre part je suis pour la position légère au-dessus de ses pieds, alors que cette « position en équilibre club » comme je la nomme, bascule souvent les épaules, très en avant et donc induit des problèmes sur l’accompagnement du saut et à la réception. Je préfère un cavalier léger dans la selle, en appuis sur ses étriers, mais qui aura le haut du corps dans l’axe. Il sentira rapidement où est le plus confortable pour l’accompagnement et ne se fera pas catapulter ou il ne rebondira pas dans le troussequin au plané ou à la réception.
  • Développement des sens dans le travail à l’obstacle :

Il s’agit d’amener par des exercices encadrés les cavaliers à se sensibiliser aux ressentis et apprentissages du saut. Dans un premier temps il s’agira de compléter les notions vues ci-dessus. Puis de les développer, afin de rendre le cavalier autonome dans sa pratique et armé techniquement pour faire face à divers situations (extérieur, concours, …). Naturellement nous sommes toujours en parallèle du travail sur le plat.

  1. Enchainer des sauts d’obstacles mobiles isolés : pour apprendre à contrôler entre chaque saut, remettre du travail sur le plat entre chaque pour aborder le suivant dans les meilleurs conditions possibles. Il est important que le cavalier dès le début soit conscient des variations d’équilibre de son cheval et de l’attitude à adopter en conséquence. Là, je joue beaucoup sur les mots et l’interprétation des sensations : c’est donc un dialogue et non une dictature, qui s’installe. Il est assez fréquent de renier les ressenti des cavaliers, mais même très jeune ils ont conscience de beaucoup de choses, sans en avoir forcément les mots pour le formuler, mais c’est la connaissance du moniteur qui intervient pour mettre les bons mots sur les impressions du cavalier. Un saut bien mené et bien accompagné et forcément plus confortable que l’inverse, tous sont capables de le sentir et de le formuler. Après c’est la répétition qui va fournir au cavalier le bagage pour progresser et s’adapter aux divers situations.
  2. Enchainer des sauts rapprochés : pour apprendre à se positionner rapidement et travailler l’équilibre et la souplesse. Là souvent c’est les obstacles cavaletti qui rentrent en jeu. Les fameuses « lignes de cavaletti » sont à mes yeux la meilleure gymnastique possible (pour le cheval aussi d‘ailleurs). Il se décline en plein de variante et tout un tas d’étape se font par ce biais, il permet aussi d’introduire, la mise en selle à l’obstacle. Dans ces phases les plus simples, je l’introduis rapidement dans les apprentissages, dès que les cavaliers sont autonomes en saut isolés sans heurt avec leur cheval. Ils permettent aussi de bien faire visualiser aux autres cavaliers le fonctionnement du cavalier et du cheval par l’observation des autres couples du groupe.
  3. Travailler sur des obstacles fixes : Ce travail rentre en parallèle de la gestion du travail en extérieur. Il s’agit de savoir quel comportement avoir en abordant un obstacle en extérieur, il est important de savoir que ce genre d’obstacle est présent dans la nature, sous forme de fossé, de tronc, … et qu’il est parfois impératif de les franchir. Il faut donc que même les cavaliers n’ayant pour objectif en aucun cas le saut d’obstacle, soit sensibiliser à la maitrise de ce type de franchissement. La présence d’un parcours de terrain varié est un plus pour la structure. La variation des méthodes d’apprentissage permet d’évoluer suivant différents axes, ce qui est un plus pour tous.

A un moment donné de cet apprentissage, certains voudront se mesurer aux autres, via la compétition … Je développerais le côté pratique compétitive, dans un chapitre à suivre.

Le travail pour disposer des réflexes nécessaires (ici perte d'étrier ... ne gène pas le travail d’enchaînement)

Le travail pour disposer des réflexes nécessaires (ici perte d'étrier ... ne gène pas le travail d’enchaînement)

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